Quelques mots sur le 4ème Cd d'Anaiki
C'est toujours un long cheminement que celui de réaliser un CD.
Depuis celui réalisé en public lors de 20 ans en l'église de St Jean-de-Luz voilà donc 5 ans, nous avons travaillé d'autres répertoires et fait de nouvelles rencontres.
Ce 4èmeCD est le fruit de tout ce travail. En voici la présentation :
En Pays Basque, dès le Moyen-Age, les événements qui ont frappé les esprits comme ceux de la vie quotidienne ont trouvé écho sous forme de chants improvisés et rimés composés en leur temps par des troubadours et des bardes improvisateurs souvent anonymes… Transmis, de génération en génération… Témoins d'événements tragiques, d'épopées de marins et d'émigrés, ou d'intrigues amoureuses… Ces joyaux d'oralité sont encore interprétés de nos jours. Même dans ses formes les plus contemporaines, le chant basque continue de nous raconter et de nous rappeler notre histoire.
Apparues à la fin du XIXème siècle, les chorales sont aujourd'hui nombreuses en Pays-Basque. Uniquement composées d'hommes à l'origine, puis souvent accompagnées d'un chœur d'enfants, elles s'ouvrent aux femmes au début du XXème siècle. Elles interprètent, uniquement ou parmi d'autres pièces, des chants basques arrangés pour voix seules ou avec accompagnement : la mélodie populaire transmise de génération en génération devient le chant populaire harmonisé à quatre voix.
Le répertoire d’anaiki reflète cette longue histoire du chant basque en abordant une grande variété de styles et d’époques, de mélodies anonymes redécouvertes et réarrangées, de chants sacrés, en passant par les chants de la vie quotidienne (travail, amour, fêtes).
Jean-Marie Guezala, chef du chœur, recherche, notamment à Eresbil (Archives des Compositeurs basques à Errenteria, Gipuzkoa), des partitions inconnues, oubliées, délaissées ou peu mises en valeur, pour leur redonner vie, comme la très symphonique messe « Euzkel Mezea » de Ruperto Iruarrizaga. Il arrange également quelques mélodies très anciennes déterrées des répertoires, tels celui de Resurreccion Maria de Azkue. A sa demande, des compositeurs basques comme Sabin Salaberry, ou russes comme Pavel Soutchkov, Alexander Manotskov ou Ludmila Kulikova ont arrangé, avec une grande générosité, un grand respect et un grand talent des mélodies que nous interprétons avec joie. Merci également aux frères Jean et Marcel Etchehandy de l'abbaye de Belloc qui nous ont fait confiance en nous transmettant le chant très inspiré « Egon atzarririk » que nous chantons dans son intégralité.
Il nous aura fallu 4 soirs, après le travail et après des mois de travail de technique vocale par pupitres, pour enregistrer l'intégralité de ce CD. Les pièces a cappella d'abord les deux premiers soirs, puis la messe avec l'orgue, puis enfin le 4èmejour les pièces avec nos amis instrumentistes venus tout spécialement de Donosti (Saint Sébastien). Qu'ils soient tous ici remerciés !
Encore une belle aventure faite de travail, de rencontres, de joie et d'amitié … anaiki …
Programme :
- Egun Jauna – Désormais, Seigneur
(anonyme recueilli par R. Ma de Azkue, arrangement J.-M. Guezala) (Sokasoinu : Iñigo Lurgain)
Désormais, Seigneur, je vivrai saintement, en délaissant complètement le péché. Agenouillé et le cœur humble, je Vous adore, Dieu unique.
- Deun Agaten'n Abestiya – anonyme, arrangement Ruperto Iruarrizaga
C'est la veille de la Sainte Agathe, nous venons réjouir les maisons par nos chants.
- Belen, Belen – Bethleem, Bethleem
(anonyme recueilli par R. Ma de Azkue, arrangement J.-M. Guezala).
Bethleem, Bethleem, à Bethleem est né Jésus. A Minuit de la nuit de Noël, elle le berçait sur son sein et le faisait danser. (Soliste : Xabi Sedes)
- Barkhamendu – le pardon
(anonyme recueilli par R. Ma de Azkue, arrangement J.-M. Guezala). Alboka : Iñigo Lurgain
Je demande pardon à Dieu, et ensuite, bonnes gens, à vous tous. Si je vous ai offensé, je m'en désole assurément : que Dieu puisse nous pardonner à chacun.
Je suis pèlerin à présent, et me dirige vers Saint Jacques, j’en ai fait le vœu il y a longtemps avec l’aide de Dieu.
- Egon atzarririk – Restez éveillés
(paroles du Père Marcel Etchehandy (1932 – ) de l’abbaye de Belloc, musique de Juan Urteaga (1914 – 1990)
Seigneur, quand tu viendras me chercher, emporte-moi avec toi, je t'en supplie, dans ta félicité.
– Veillez et priez. Je viendrai la nuit comme un voleur, à l'improviste. (Mt 24,44) ;
– Veillez et priez pour ne pas tomber en tentation ; (Mt 26-41) Qui persévérera jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé. (Mt 13,13)
– Veillez et priez. Au vainqueur je donnerai la pierre blanche, la pierre blanche portant mon nom gravé. (Ap 2,17) ;
– Veillez et priez. Celui que je trouverai éveillé je le ferai asseoir à table et je le servirai moi-même dans mon Royaume. (Ap.)
- Euzkel mezea – Ruperto Iruarrizaga Aguirre – Orgue : Marc Sacrispeyre
Urrikal – Kyrie
Aintza – Gloria
Sinesten dut – Credo
Saindu – Sanctus
Jainkoaren bildotsa – Agnus Dei
- Agur Maria – Je vous salue Marie
Tomas Garbizu (1901 – 1989) de Lezo.
- Hasiko naz – Je commencerai
(Anonyme recueilli par R. Ma de Azkue, arrangement Sabin Salaberry)
Je commencerai à répandre la nouvelle par les cols des montagnes que Dieu s'est fait homme à Bethleem. Les petits bergers se disaient entre eux : qu'offrirez-vous au Seigneur ? Sous une vieille couverture se trouve deux agneaux à la tête blanche répondirent-ils tous ensemble avec clarinettes et orgues, un concert de musique !
- Ama ezkondu – anonyme, arrangement Jean-Marie Guezala
– Mère, je veux me marier pendant qu'il en est encore temps.
– Que me dis-tu ma fille ? Nous n'avons même pas de pain à la maison !
- Argizagi ederra – Belle lune
(mélodie anonyme, harmonisée par Sabin Salaberri).
Belle lune, éclaire-moi. J’ai encore un long chemin à parcourir. Cette nuit je voudrais trouver ma belle. Eclaire-moi jusqu’à sa porte. » Soliste : Jean-Marie Guezala
- Arranoak – les aigles
(mélodie souletine anonyme harmonisée par Pascual Aldave (1924 – ) – Soliste : Jean-Pierre Cerles
Les aigles volent haut dans les montagnes ; moi aussi je tournoyais autour des jeunes filles. Mais aujourd’hui, j’ai les yeux pleins de larmes. Belle est la fleur du rosier mais sa tige est couverte d'épines, l'amour traître porte en soi sa punition.
- Ala baita – Il est vrai
(mélodie anonyme recueillie par R. Ma de Azkue, arrangement pour voix d'hommes : Pavel Soutchkov d’après Jesus Guridi et José-Luis Ansorena). Soliste : Philippe Mendiduru
Il est vrai qu’il est digne d’être lamenté celui qui vit les tourments de l’amour car il vit dans la peine jour et nuit. Personne ne comprend ma souffrance de ne pouvoir convertir ma bien-aimée. »
- Aurtxo aurtxoa – Très cher enfant
(paroles de Michel Labeguerie, musique de Sabin Salaberri (1934 – ).
Solistes : Emmanuel Viglino, Philippe Mendiburu, Bixente Hacala
Mon très cher enfant, endors-toi donc, je suis là pour te protéger. Papa est parti loin pour servir le Pays-Basque, mais maman est là qui ne te laissera jamais. »
- Erriko festa – la fête du village
de Victor de Zubizarreta (1899-1970)
Au lendemain de la dernière fête, dans un endroit connu d'elles seules, quatre femmes, trois vieilles filles et une veuve, jouaient au mus sur une grande pierre posée sur leurs genoux.
- Martxa baten lehen notak – Les premières notes d'une marche
(Paroles : JosAntton Artze (1939 – ) – Musique : Mikel Laboa (1934 – 2008) – Arrgt : Alexander Manotskov (1972 – )
Le soleil fait fondre la neige sur les cimes la puissance inaltérable descend comme un torrent vers la vallée. En nous se trouve le soleil, la lumière qui peut déchirer la nuit et briser la glace. Le cœur bouillonnant, bras et mains largement écartés voyons la vérité rougeoyante la tête pleine de clarté.
Tant que quelqu'un aura faim nous ne serons jamais rassasiés
Si un autre est enchaîné nous ne serons jamais libres.
Chacun accomplissant sa tâche et tous nous entraidant nous élargirons sans cesse la route de l'humain. Personne n'étant soumis nulle part et personne n'étant esclave d'un autre, tous les peuples faisant un, nous n'avancerons pas sans futur.
16. Rau rau rau
(anonyme, recueillie par Juan-Mari Beltran. Arrangement pour voix d'hommes et alboka : Alexander Manotskov (1972 – ).
Mes espadrilles déchirées : plus de chaussure. Je me suis arrêté à Ernion les pieds douloureux. Rau rau rau ! Plus de chaussure. Rau rau rau ! Mal aux pieds.
Voilà une bonne chose : un nouveau zortziko (danse), trois petits verres de vin et un pain d'une livre. Rau rau rau ! Un zortziko nouveau. Rau rau rau ! Un pain d'une livre.
Je vais à Arantzazu (sanctuaire) ; quelle joie est la mienne ! Je verrai là-bas un moine à « courte-tête » (tonsure). Rau rau rau ! Quelle joie. Rau rau rau ! Un moine et sa tonsure.
Dans les montagnes d'Arantzazu il y a des œillets rouges. Les rouges baisers des filles sont très trompeurs. Rau rau rau ! Les œillets rouges. Rau rau rau ! Sont très trompeurs.
- Marcha de San Sebastian – Raimundo Sarriegui Echeverria
Nous y sommes ! Nous aussi, toujours heureux, toujours de bonne humeur !
Il y a un Sébastien dans le ciel ; une seule Saint-Sébastien au monde
L'un est saint et l'autre est notre ville
Voici ce qu'est notre Saint-Sébastien !
Venant de Irutxulo, de Gaztelupe, ceux de Joxemari, les vieux et les jeunes,
d’une rue à l'autre, les tambours répandent la bonne humeur
Joxemari ! (Rakataplan !)
A partir de maintenant fini les peines ! A la fête ! A la danse !
Nous venons pour appeler les habitants de Saint Sébastien.
Heureux ! Le Carnaval est à venir !
Avec les musiciens :
Marc Sacrispeyre : orgues
Iñigo Lurgain : alboka, sokasoinu
Felipe Ugarte : percussions (claves, Bodran, pandero)
Eneko Doronsorro : accordéon diatonique (triki)
Enregistré les 15, 16, 17 et 18 avril en l'église Notre-Dame du Liban à Paris 5èpar Pierre Dachery, société Clap Son.